Synopsis:
Dans une île déserte, un justiciable en fuite découvre des choses fantastiques, alors qu'il se croit seul.Répétés à l'infini, les anciens habitants de l'île parcourent le paysage, figés dans un discours éternel.L'intérêt du fugitif pour ces mystérieux personnages le conduira à découvrir Morel et sa machine infernale, puis à intégrer son monde.
Dispositif:
A l'origine, Fugitif(s) devait être une adaptation du roman d'Adolfo Bioy Casares : L'invention de Morel. Mais au fur et à mesure du développement de cette création, ce qui devait être une adaptation est devenu une adoption : je n'en ai gardé que les linéaments conceptuels, j'ai réécris un texte, dévoué à la parole, à l'espace théâtral.
Un homme, en fuite sur une île déserte y aperçoit des habitants étranges, avec lesquels il ne peut communiquer. Il s'agit certes de la vision d'un homme sur un monde mais plus que tout autre, Fugitif(s) aborde le thème du simulacre, c'est-à-dire de la question de la re-présentation : thème des utopies et des rêves, du fantastique et du réel, où l'image, le son et leurs reproductions jouent un rôle primordial.
Mon ambition a donc été de créer une pièce de théâtre fantastique. Pièce où se mêle histoires et émotions, réel et image, illusion et réalité, vie et mort, évanescence et éternité. Une pièce qui interroge les relations ou les écarts entre le spéculaire et le spectaculaire.
Pour y parvenir, j'ai opté pour une écriture multiple. En effet, Fugitif(s) est une pièce de théâtre. Les habitants de l'île sont de chair et d'os, ils vivent ; ils décrivent une histoire. Mais Fugitif(s) est également une performance vidéo et sonore. Le fugitif, sans nom et lourd d'un passé inconnu, n'est que relais avec notre monde : témoin, réceptacle et passeur d'émotions, de raisons et de folies. Son rôle coïncide donc avec une écriture vidéographique et sonore. A ces deux superpositions d'écriture qui s'interpénètrent, nous accordons également une importante place à la musique, la lumière, à la scénographie et aux arts plastiques. Ils permettent d'affiner la perception du spectateur, d'intensifier les émotions, de mieux raconter l'histoire. Fugitif(s) est donc un spectacle multimédias à part entière, où chaque écriture, chaque technique est en interaction avec l'autre, étoffe le propos, et enracine le spectacle dans le fantastique.
Ce fantastique existe surtout grâce au recours des nouvelles technologies. Chacun des acteurs de KSKF participant à ce projet apporte son savoir faire, confronte son univers personnel à l'autre et, de cette émulation, naît la véritable émulsion de l'ensemble des médias - traditionnel, technologique et inventés pour l'occasion - utilisés dans ce spectacle. Ainsi, certains que les nouvelles technologies sont devenues le support d'utopies, c'est par elles que nous souhaitons traiter le thème du simulacre et la question de la re-présentation, plus que jamais d'actualité.
Judith Baudinet (auteur et metteur en scène)